Lors de l’ouverture de la saison de vitesse 2010, l’ancien et le jeune de Geomoto se lancent un double défi : s’engager en Vitesse Moto Ancienne et en 600 promos.
Le défi : ancien et jeune sur motos anciennes et jeunes.Jérôme Eline, allias « MacPepR » prête sa RD/LC déjà prête pour les courses de VMA à « Le PenseuR », allias Guillaume Oléron.
Cette moto a couru en promos en 1989 et 1990 aux mains de MacPepR, puis a participé à diverses épreuves de motos anciennes de 2007 à 2009.Pour autant, il faut remonter une deuxième RD/LC à partir des pièces que MacPepR accumule depuis vingt ans.
Voici en images l’histoire de ce remontage qui a tout de même nécessité environ 400 heures de travail, hors peinture.
En fait, ce mulet a été remonté une première fois, en partant d’une moto qui avait subi un sévère accident. La roue avant (en huit) était sous le moteur, les coudes d’échappement complètement écrasés, la fourche pliée, le réservoir enfoncé par l’arrière et le cadre dans l’état de la photo qui suit.
Très grande pensée pour le pilote qui a vécu cet accident, vraiment.
L’avant du cadre de la moto rachetée en épave, visez l’angle de la colonne de direction.Remontée déjà une première fois à partir de pièce de récup’, cette moto a subi une casse de vilebrequin (LeVigeant 2008). Ensuite, elle s’est fait « canibaliser » au fil des pièces qu’elle pouvait fournir pour d’autres motos (chaîne, sélecteur, repose pieds, entre autres …).
Pas cool, côté destin … D’où le MacPepR qui s’y colle, sur la moto un peu maudite !
Début du remontage : le vilo a été refait par un spécialiste avec bielles et roulements neufs (environ 400 €, pièces et main d’oeuvre). Il est monté dans les carters, avec des joints spis également neufs.
Ensuite, il faut lui trouver un jeu de cylindres et de pistons « acceptables ». Pour les spécialistes, la limite de jeu cylindre/piston est de 10 centièmes de mm. On mesure et on sélectionne.
Un vrai travail de métrologie : on mesure les pièces et on les appaire pour obtenir les meilleurs jeux au final. La cote « 32 » sur le cylindre du fond correspond à un alésage de 64,32. Tout est ainsi mesuré.En mariant bien pistons et cylindres dans tout ce qui traînait, on a trouvé un jeu de cylindres et de pistons en cote d’origine qui rentrent dans la limite des 10/100ème de jeu.
En revanche, pas de segments correspondant. Pas grave, on prend des segments en « + 0,25 » et on retaille le « jeu à la coupe » au Dremel.
Allez, GaaZZ ! On monte les cylindres et pistons d’occasion sur la bas moteur équipé de son vilebrequin refait à neuf.
Montage de la culasse (rabotée de 5/10ème) avec joints embase et culasse neufs, serrage au couple en deux passes et dans l’ordre que M. Yamaha a eu la bonne idée d’immortaliser dans la fonderie de la culasse.
Du coup, on s’en trouve provisoirement là. Le moteur attend de rejoindre la partie-cycle. Il y sera une heure plus tard.
Le plus gros boulot de ce projet va commencer.
Lors de l’achat de l’épave pliée, cette moto avait des pots de détente, sans silencieux, et surtout avec les coudes d’échappement complètement ratatinés.
Il s’agit de refabriquer ces pièces.
Les coudes d’échappement sont coniques. On commence par rouler de la tôle pour faire des cônes droits. Ensuite, on les coupe en biais à la scie à métaux, on retourne les pièces coupées et on ressoude.
Petit à petit, chaque coude d’échappement prend le virage entre la sortie de son cylindre et le corps du pot de détente.
Voici une photo d’une des phases intermédiaires.
On voit bien sur cette image les coupes successives dans les coudes d’échappement qui se rapprochent petit à petit des « divergents » des pots de détente, provisoirement soutenus par un cric.Après deux nouvelles coupes et trois coups de chalumeau, les coudes joignent les pots de détente. Ouf !
Pour arriver à ça, il a fallu entre autres jouer du chalumeau. Une image avec un humain : MacPepR à la soudure.
Ensuite, il faut faire les silencieux.
De haut en bas : l’extérieur de la « cartouche » en alu formé au marteau (la soudure alu a été faite par un copain); le tube de fuite, réalisé en tôle d’acier percée et roulée; ensuite, les deux pièces d’entrée et de sortie de l’ensemble (découpées et formées dans de la tôle d’acier) .
On bourre de la laine de roche dans les espaces et le bruit diminue. Magique !On continue vite fait dans la mise en forme de l’acier et la soudure : fabrication de l’araignée qui soutiendra le tableau de bord et la tête de fourche.
Ensuite, les choses arrêtent de patiner et une moto commence à renaître.
Mise en place de la coque en polyester qui reprend en une seule pièce le dosseret et les caches latéraux d’origine (moule et pièce faits maison).
Réalisation et mise en place des plaques numéros. Le règlement VMA (Vitesse Moto Ancienne) exige du plastique souple. La plaque numéro est découpée dans un seau en plastique qui contenait de la colle à faïence. C’est assez souple M. le Contrôleur technique ?
La moto finie en attente de peinture. Et surtout en attente de rouler …
Est-ce que « MacPepR » va taper le jeune « PenseuR » qu’est Guillaume Oléron ?
Confrontation intéressante. Les vieilles motos ne brillent-elles que pilotées par des vieux ? Carrément pas sûr !!!
Résultat après les courses du Mans (27 et 28 mars 2010).